La goulotte Pellissier aux Pointes Lachenal

Alex, Raph, Robert et Morgan étaient partis pour un stage d’altitude au Col du Midi, au coeur du Massif du Mont-Blanc. Au programme, de la goulotte, de la goulotte, et de la goulotte ! Après la « Chéré » dans le Triangle du Tacul et « Vent du dragon » à l’Aiguille du Midi, voici la goulotte « Pellissier » aux Pointes Lachenal.

Pour rappel historique, c’est le 25 novembre 1955, peu après l’inauguration du téléphérique de l’Aiguille du Midi, que Louis Lachenal (originaire d’Annecy, ses parents tenaient une épicerie rue Carnot) tombe dans un crevasse, à skis, au pied des pointes qui portent désormais son nom.

Photo : Camp to Camp
Photo : Camp to Camp

Le récit d’Alexandre

Collé contre la glace, les bras crispés sur mes piolets, il en tombe de partout. Chocs après chocs, j’attends le prochain impact. Soudain, silence. Serait-ce terminé ? Je lève timidement la tête, bang ! En plein dans le menton ! C’est reparti pour un tour. Finalement, à moitié enseveli sous la glace, j’entends un timide « heu, ça va Alex ? ». Autant vous le dire, quatre bretons dans du mixte, c’est pas de tout repos…

Robert en plein effort dans L1.
Robert en plein effort dans L1.

Ce jour-là, pour terminer notre petit stage d’altitude en beauté, après les goulottes « Vent du dragon » et la « Chéré », on a choisi une petite course sympa et tranquille pour la journée. Il s’agit de la voie Pellissier (TD-, 5a oblig , 4, M5+) sur les pointes Lachenal, annoncée en 3 heures pour 220 mètres de dénivelé. Bien sûr, pour rester dans la continuité des jours précédents, c’est de nuit et avec des horaires très légèrement dépassés que nous sortirons (sic).

Je tiens tout de même à préciser pour notre défense (c’est bien connu : un grimpeur a toujours ses petites excuses !), que la voie jusqu’au sommet fait quand même 450 mètres, et qu’après la goulotte, il reste quelques belles petites longueurs, dont une, bien particulière, dans une longue cheminée mixte (grosse ambiance avec la nuit noire (re-sic).

La voie en elle-même est tip-top, c’est une succession de passages de neige, de glace et de mixte. Ce n’est  jamais bien dur, mais il y a quelques passages qui demandent un petit peu d’attention quand même !

La goulotte démarre par la remontée d’un couloir de 80 mètres à 55 / 60° dans de la bonne poudre. C’est stratégiquement que j’envoie Morgan en tête pour nous faire une belle trace, mettant à disposition tout son entrainement de coureur fou. Un premier ressaut raide, pas des plus évidents, et le voilà au pied de la première longueur sérieuse.

Morgan nous fait une belle trace
Morgan nous fait une belle trace

40 mètres de glace à 70° pour bien terminer l’échauffement, la longueur est bien fournie et se protège bien. On laissera les broches pour permettre à Robert qui nous suit, de la gravir en tête un petit peu plus sereinement.

Deuxième longueur sympa en mixte avec une fin en M4+
Deuxième longueur sympa en mixte avec une fin en M4+

Longueur 3 : quelques blocs de glaces sur le casque (enfin si seulement…), de la glace plaquée sur de la neige poudreuse et des restes  de glace dans la sortie en M5 (prochain stage Montagne, thème : la délicatesse !), sinon rien à signaler dans cette superbe troisième longueur.

Raphaël dans le mixte de L3
Raphaël dans le mixte de L3

 

Plutôt sympa le cadre !
Plutôt sympa le cadre !

La dernière longueur officielle de la voie est vraiment classe et variée : pente de neige, mixte, puis escalade de 20 mètres en 5b. Installé à mon relais intermédiaire au pied de la partie escalade, je me prépare tranquillement pour la suite,  tout en assurant Morgan. Soudain, le bruit reconnaissable entre mille : l’acier contre la roche, qui me parvient aux oreilles. Levant les yeux, j’ai tout juste le temps de me lancer sur le côté pour rattraper, de justesse, l’engin perturbateur.

On l’a échappé belle ! C’est avec un grand sourire que je regarde Robert,  son crampon entre mes mains ! On ne peut pas dire qu’on s’ennuie, Raph et moi, à jouer aux guides !

Robert affronte la partie mixte de L4.
Robert affronte la partie mixte de L4.

 

La suite, vous la connaissez déjà : pentes de neige et mixte en mauvaise condition, avec la nuit en prime, pour atteindre le sommet des « Pointes Lachenal » ! Cette fois encore, ce fut une très belle course, vraiment sympa, où tout du long l’ambiance fut géniale.

Au niveau du matos, on avait :

  • 5 broches à glace
  • quelques coinceurs et un petit jeu de friends
  • Pour la corde, je me suis encore retrouvé avec notre vieille « cobra II » qui se transforme en un câble glacé dès qu’elle touche la neige. Alors, autant vous le dire, c’est  légèrement jaloux que je regardais la cordée de  Raph et de son père, avec leur corde BEAL Gully toute neuve (avec celle-ci, fini le tirage et la corde tendue comme un câble !).

Le topo de la goulotte Pellissier aux Pointes Lachenal

Altitude min / max : 3320m / 3613m
Dénivelé : +290m
Dénivelé des difficultés : 220m
Configuration : goulotte
Orientation principale : NE
Type d’itinéraire : aller-retour / descente en rappel
Temps de parcours : 1 jour
Pente : 85°
Cotation globale : TD-
Engagement : II
Qualité de l’équipement en place : non renseigné
Cotation libre > oblig. : 5c > 5a
Cotation glace : 4
Cotation mixte : M5+

Vous retrouverez le topo complet auprès de notre partenaire Camp to Camp !

Les Pointes Lachenal. Au premier plan, à droite, le petit abri Godefroy Perroux.
Les Pointes Lachenal. Au premier plan, à droite sur l’arête rocheuse, le petit abri Godefroy Perroux. Photo : team Montania.

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La goulotte Pellissier aux Pointes Lachenal

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