Le 12 septembre dernier, Hugo s’est élancé d’Annecy pour le Tour du Mont-Blanc à vélo, en compagnie d’Antoine Charvolin et de Arthur Joyeux-Bouillon. Le programme était simple sur le papier : Col de la Forclaz de Queige, Col du Méraillet, Cormet de Roselend, Col du Petit Saint Bernard, Col du Grand Saint Bernard, Col de la Forclaz, col des Montets, montée de Vaudagne, côte de Domancy puis retour à Annecy. 405 kilomètres, pour un peu plus de 7700d+, de quoi passer une belle et longue journée sur le vélo !
L’historique Tour du Mont-Blanc à vélo
Le tracé historique du Tour du Mont-Blanc à vélo suit les grands cols routiers qui permettent d’enjamber les trois versants du massif. Traditionnellement, on l’aborde depuis la vallée de Chamonix, puis on bascule en Suisse par le col des Montets et la vallée du Trient, avant de rejoindre Martigny et de grimper le mythique Grand-Saint-Bernard (2469 m) pour basculer en Italie dans la vallée d’Aoste. De là, la route remonte vers Courmayeur, puis franchit le Petit-Saint-Bernard pour repasser en Savoie et descendre vers Bourg-Saint-Maurice. La boucle se referme ensuite en empruntant le Cormet de Roselend et en rejoignant la vallée de l’Arve par Megève ou le col des Saisies pour un total d’environ 330 à 350 km pour plus de 8 000 m de dénivelé.


Pour ce Tour du Mont-Blanc en one shot depuis Annecy, Antoine, Arthur et Hugo ont choisi d’en effectuer le tour dans le sens anti-horaire.
Le Tour du Mont-Blanc one-shot depuis Annecy
11 septembre, 20h : J’arrive chez Antoine, qui m’a attendu pour manger avec Louise, sa compagne. Lui semble tout excité de partir le lendemain, moi j’ai l’impression de partir en « mission ». J’ai couru une course de trail de 45km 5 jours avant et même si je me sens bien, je me demande si mon corps a vraiment récupéré de cet effort. Quelle bonne idée de partir faire le Tour du Mont-Blanc à vélo pour vérifier ça ! Nos discussions tournent autour des 400 kilomètres qui nous attendent, des vêtements que nous allons porter et de l’optimisation de l’équipement que nous emportons. On fixe le rendez-vous à 4h15 pour retrouver Arthur (qui arrive de Leschaux) à l’église de Saint Jorioz. Réveil à 3h15, ça va piquer. Je lance à Antoine « on va pouvoir faire 2-3 cycles de sommeil, c’est large ! ». Encore faut il réussir à le trouver, ce sommeil !
« J’ai l’impression de partir en « mission »
12 septembre, 3h15 : Le réveil sonne. Je ne sais pas si les quelques heures allongé sur le canapé-lit dans le salon d’Antoine ont été efficaces, mais je me mets à suivre ma routine de réveil comme un robot, les yeux grands ouverts. L’excitation a pris le dessus sur la fatigue et c’est tant mieux ! Je m’habille rapidement et enchaine directement sur le petit-déjeuner. Antoine me rejoint et nous fait couler deux cafés très serrés pour achever notre réveil. On ne parle pas trop mais j’adore cette ambiance. On sent l’excitation de vivre cette journée, la peur du dénivelé affolant qui nous attend, la fatigue d’une nuit achevée trop tôt…On termine notre bol de muesli rapidement, on passe aux toilettes puis on sort de l’appartement après un dernier agencement des frontales sur les vélos et les casques.
Kilomètre 0, 4h09 : Dans le hall de l’immeuble, Antoine regarde dehors et me dit « Il pleut, tu vas être content !« . En effet, Une petite bruine assez fine nous force à sortir nos vestes imperméables. Je supporte bien les conditions difficiles mais je ne sais pas si je les apprécie autant en pleine nuit ! Nos montres trouvent le fameux signal GPS qui signe le top départ ! On traverse les rues désertes jusqu’à la piste cyclable au bord du lac d’Annecy. Arthur rejoint le groupe 10 minutes plus tard. Les lumières de la ville s’éloignent et on pousse nos frontales presque à fond pour progresser dans la nuit noire. C’est parti.


Kilomètre 45, 6h30 : On file dans l’obscurité. Je ne regarde pas la montre et je me fais discret dans les roues de Arthur et Antoine. Il faut dire que je suis le moins expérimenté de nous trois lorsqu’il s’agit de longue distance, que ce soit à pied ou à vélo ! En plus, je sais que Antoine est vraiment libéré et en forme après sa victoire à la TDS (course de la semaine UTMB) quelques semaines plus tôt, et Arthur vient quant à lui de remporter la Traversée Nord de l’Échappée Belle alors qu’il est en pleine préparation pour la Diagonale des Fous. Je me sens honoré de pouvoir tenter d’établir une trace à leurs côtés, tout en sachant que c’est aussi un joli défi pour eux. Je ne peux qu’en sortir plus grand ! Le rythme imposé n’est pas très élevé et on traverse Faverges puis Ugine tranquillement. Le col de la Forclaz de Queige s’annonce ! La nuit est plutôt perturbante car nos repères de vitesse, de pente et de progression sont totalement différents. J’ai l’impression de tout réapprendre et l’atmosphère sombre et silencieuse de ces heures me renforcent dans ma pensée de « la nuit, ça ne compte pas !« . Le col est vite atteint, la pluie a cessé et quelques trous de lumière bleu foncé apparaissent dans le ciel. Le jour va bientôt se lever !
« Je suis trop content d’être là avec vous les gars ! »
Kilomètre 80, 8h40 : Cormet de Roselend, le premier « gros » col de notre Tour du Mont-Blanc. Je suis toujours habillé avec mes jambières et le brouillard humide au sommet m’a même fait revêtir ma veste imperméable ! J’ai trouvé cette montée plutôt longue depuis Beaufort. C’était la première fois que je la faisais mais le Coca acheté à la boulangerie et les discussions avec les gars m’ont aidé à passer le temps. J’oscillais aussi avec des moments de rêverie, des moments de concentration où je pensais à mon alimentation/hydratation et à mon rythme et des moments où je captais des petits points de vue en vidéo. Le soleil ne s’était toujours pas offert à nous, mais lorsqu’il le fit, nous n’avons pas été déçus. Au bout d’un kilomètre de descente en direction de Bourg-Saint-Maurice, rendue glaciale par l’humidité et le brouillard, la lumière et la chaleur apparurent comme un cadeau. « Je suis trop content d’être là avec vous les gars ! » je gueule en leur direction. C’était si beau et plaisant que je n’ai pas pu m’empêcher de sourire toute la descente ! Arrivés à Bourg-Saint-Maurice, l’objectif est de refaire les stocks à la boulangerie et de se réchauffer suffisamment avant d’entamer le col du Petit Saint Bernard. Et les cafés ont fait effectivement beaucoup de bien, associés aux pâtisseries pour Antoine et Arthur, et à la tablette de Crunch pour ma part.



Kilomètre 127, 11h35 : Col du Petit Saint Bernard, passage en Italie ! J’ai adoré cette montée. Avec l’arrivée du soleil, j’ai enlevé mes jambières au pied du col pour me sentir à l’aise et la température automnale m’allait tout juste. Pas trop chaud, pas trop froid ! Nous sommes arrivés au sommet sans même que je me rende compte, mon attention étant distraite pas les discussions passionnées que nous avions tous les trois. Dans les passages plus raides, je me mettais dans ma bulle et avançais à mon propre rythme. Petite pause au sommet avec un point de vue sur le Mont-Blanc et c’est parti pour une longue descente. Jusqu’à La Thuile, c’est hyper agréable mais moins lorsque l’on rejoint la vallée qui mène à Aoste. Nos réserves d’eau se réduisent peu à peu et on fait un petit arrêt dans une superette italienne sur le point de fermer. Le vendeur a été sympa ! Je ressors avec une bouteille d’eau, une de Coca, des bonbons et deux paquets de biscuits sans gluten. Antoine a été encore plus gourmand et est ressorti avec une buche de Noël entière, qu’il a englouti en 5 minutes ! On déroule les quelques kilomètres restants jusqu’à Aoste, où l’on fait une pause plus longue à un Carrefour. Il faut dire que la prochaine ascension ne faire rire aucun de nous puisque c’est le col du Grand Saint Bernard. Littéralement 35 kilomètres à grimper pour pouvoir basculer en Suisse !



Kilomètre 214, 16h30 : La Suisse, enfin. Qu’elle a été longue cette montée du col du Grand Saint Bernard ! Presque les 2/3 sont sur une route très large où les gens roulent vite, ce n’est pas très agréable de grimper dans les odeurs d’essence et sans beaux panoramas. Après une mini pause à mi-pente pour nous rafraichir et remplir nos bidons à une fontaine, nous nous sommes attelés à la partie plus raide. Profitant d’un moment de « flow » (j’ai pris un gel aussi, ça joue ;)), je fais fait le choix de prendre un peu le large pour prendre mon propre rythme de montée. Ainsi, je subissais moins les accoups d’Antoine à chaque fois qu’il se dressait sur les pédales. Arthur est monté avec lui, plus en gestion. J’ai commencé à trouver le temps long sur la fin, mais la frontière suisse et le sommet du col me sont apparu sans prévenir au détour d’un virage. Une bonne chose de faite ! Avant le départ et les jours précédents, j’avais découpé le tracé dans ma tête et je m’étais dis que si je basculais en Suisse, j’étais obligé de voir Chamonix et qu’ensuite je pourrais envisager le retour à Annecy selon mon état. Arriver en haut de ce dernier « gros col » relativement frais m’a fait beaucoup de bien mentalement et j’avais hâte de poursuivre ! Antoine et Arthur m’ont rejoint au sommet peu de temps après et nous avons basculés dans la très longue descente vers Martigny. Après quelques virages, j’ai commencé à claquer des dents et en voyant Antoine s’arrêter devant moi pour mettre sa veste, j’ai compris que je n’étais pas le seul. J’ai remis les jambières, la veste imperméable, remonté mon cache-col, enfilé mes gants et mis ma capuche par dessus le casque pour créer une petite bulle de chaleur et préserver un maximum d’énergie. C’est quand-même très contrasté comme moment : nous sommes dans un endroit magnifique, avec une route sans voiture et nous nous hâtons de le quitter pour retrouver une autre atmosphère bien moins plaisante. C’est la magie des longues journées d’efforts !



Kilomètre 300, 21h : Quelques heures se sont écoulées depuis le col du Grand Saint Bernard et elles n’ont pas été si roulantes que le profil du tracé ne laissait paraître. La descente jusqu’à Martigny fût longue mais j’ai plutôt bien apprécié laisser mes jambes carburer à leur propre régime sur les parties roulantes à partir de Orsières. Petit arrêt double expresso avant de débuter la montée vers le col de la Forclaz. Pour l’avoir déjà faite plusieurs fois en voiture dans les deux sens lorsque je travaille pendant l’UTMB, ce n’est pas du tout un col que je trouve esthétique et qui donne envie de le faire à vélo. Il est composé de longues lignes droites à environ 8%, juste assez pour être en prise ! Pour faire passer ce moment le plus vite possible, je réalise la même chose que sur le col du Grand Saint Bernard : un gel, de la musique et je prends mon propre rythme. Arrivé en haut, je me rhabille le temps que Antoine et Arthur arrivent. La nuit commence à tomber et la température ne remontera pas avant le lever de soleil. Frontales rallumées, on s’attaque au col des Montets qui prend l’apparence d’un pauvre faux plat. Il faut dire qu’après les longues portions de montées qu’on a rencontré toute la journée, ce n’était pas 5km à 5% qui allait nous effrayer ! Traversée plutôt rapide de la vallée de Chamonix, où on croise Anthony Felber en voiture, venu nous encourager et nous apporter des batteries de lampe frontale au cas où nous en aurions besoin (merci Antno !). J’ai vraiment froid et les gars ont faim alors on s’arrête au Roster de Chamonix pour refaire un peu les stocks et tenter de se réchauffer un peu. Aussitôt arrivé, je commande des frites et un burger puis je me déshabille pour espérer faire sécher mes affaires le plus rapidement possible. Je passe même aux toilettes pour tenter de me réchauffer les mains avec le maigre filet d’eau chaude du robinet. Autant vous dire que c’est un échec ! Il reste 100 kilomètres pour rejoindre Annecy, je vais tenir.



Kilomètre 405, 2h : On l’a fait ! J’étais venu pour me battre contre moi-même et je n’ai même pas eu à sortir les armes. En repartant de Chamonix, je me suis mis dans la roue d’Antoine et je me suis laissé porter le temps que mon corps se réchauffe un peu. Arthur fermait la marche et nous progressions en silence dans les rues encore éclairées par les lampadaires. Anthony nous avait prévenu que la montée de Vaudagne à la sortie des Houches ne durait pas longtemps mais qu’il fallait faire attention à la descente. Je ne me sentais pas super frais car mon corps était en train de digérer les calories ingérées au Roster, 1h plus tôt. Au pied de la côte de Domancy, je pris un gel et dis aux gars : « je vais monter à mon rythme, faut que je me réactive ». Les pourcentages étaient raides mais ça ne durait que 2km500. J’ai pris mon allure favorite, où l’énergétique de mon corps s’active sans trop s’user. Arrivé en haut, j’étais certain que j’allais voir Annecy et « boucler la boucle », ça m’a fait un bien fou mentalement. Antoine et Arthur m’ont rejoint puis on a repris la route jusqu’à Megève. Un peu euphorique, j’ai repris mon rythme et profité d’être seul devant pour appeler mon père et lui partager ma joie d’être si bien après tant de kilomètres. Vers Flumet, nous sommes passés au niveau du croisement vers le col des Aravis. Nous nous étions déjà posé la question de l’emprunter ou non pour rentrer sur Annecy lorsque nous étions à Chamonix, mais l’état de fatigue et les objectifs de fin de saison en trail-running du groupe nous ont fait choisir le Val d’Arly pour revenir sur Ugine et rentrer à Annecy par la piste, comme au départ. Ce choix fut même salué par le destin car dans la dernière petite bosse en sortant de Flumet, la manette de dérailleur de Arthur a cessée de fonctionner et ce dernier s’est retrouvé coincé sur une seule vitesse. Heureusement que nous ne nous étions pas retrouvés au milieu du col et qu’il ne restait que des portions descendantes et plates ! À Ugine, Nathan, un ami d’Antoine et Arthur, nous a rejoint pour nous escorter sur les 40 derniers kilomètres jusqu’à Annecy. Sacrée motivation pour venir à vélo jusque ici, au milieu de la nuit ! Environ 1h20 plus tard, nous retrouvions les lumières de la ville que nous avions laissées 22 heures plus tôt.


405 kilomètres, 7716d+, 16h25 d’efforts et 21h50 dehors. J’ai encore du mal à réaliser ce que je viens de faire et pourtant je viens bien de boucler mon premier Tour du Mont-Blanc à vélo. Ça doit certainement être moins difficile que le faire à pied, Arthur (qui a plusieurs top10 sur l’UTMB) ne dira pas le contraire ! Je me sens à la fois chanceux et privilégié, mais je sais que cela ne résulte que de tout ce que j’ai construit à l’entrainement depuis des années. Ce n’est pas une performance ni une victoire sur une course de trail, mais passer autant d’heures à l’effort dans ces zones d’intensités basses me donne beaucoup de confiance pour la suite. Vivement l’hiver !
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Hugo